jeudi 19 avril 2018

Dentelles et Tulles

DENTELLES
La dentelle est avant tout un ouvrage léger et décoratif à motifs ajourés, que l’on réalise avec un ou plusieurs fils de coton, de lin ou de soie. Contrairement aux jours ou à la broderie, la dentelle n’est pas travaillée sur un support de tissu : elle est entièrement élaborée avec du fil, souvent à partir d’un dessin ou d’un modèle. On distingue deux grands groupes : le travail à l’aiguille, à base de points de feston, et celui aux fuseaux, technique d’entrecroisement des fils.Résultat de recherche d'images pour "dentelle à l'aiguille"
dentelle à l'aiguille

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dentelle au fuseau

Dans le langage courant, pourtant, la notion de dentelle couvre un vaste domaine aux frontières floues. C’est ainsi que l’on baptise improprement « dentelle » des techniques aussi variées que la frivolité, les broderies sur tulle et de type Richelieu ou broderie vénitienne, de même que certains ouvrages au tricot ou au crochet, comme la dentelle d’Irlande, par exemple.

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BRODERIE SUR TULLE
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FRIVOLITÉ A L'AIGUILLE

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BRODERIE VÉNITIENNE DE BURANO
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dentelle d'irlande
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broderie richelieu

Le fil utilisé est du lin, de la laine, du chanvre ou quelquefois de la soie.  L'unique outil de la dentellière est le carreau, aussi appelé tambour ou métier. Pour être complètement précis, il faut y ajouter les épingles à tête, les fuseaux (aussi appelés broquelets à Valenciennes ou bloquets à Lille), le dessin de la dentelle et surtout les mains de la dentellière, éléments le plus important.
Chaque région possède son point : Alençon en Normandie, Valenciennes en Artois et en Flandre, Esprit au Puy.
POINT D'ALENCON




                                            valencienne de Gand                       

  

                                  réseau tressé de valencienne
 

point d'esprit dentelle dupuy

S’il n'existe aucune information précise des dates et lieux originels de la dentelle, il est admis qu'elle a vu le jour au XVIe siècle. Elle est née de préoccupations d'hygiène, mais aussi d’une recherche de luxe et d’élégance. En effet, la chemise devient visible dans l’encolure. Ses fronces sont maintenues par une passementerie de lin que l'on peut découdre facilement lors d'une lessive. La dentelle est désignée comme « passementerie », en 1545, dans l'inventaire de la dot de la sœur de François Ier.
A l’origine apanage des hommes, la dentelle est aussi utilisée par les femmes au XVIIe siècle.
Colbert interdit l’importation de dentelles de Flandre ou d’Italie, en 1665, pour des raisons économiques. Pour faire face aux demandes croissantes, il crée des manufactures royales dans de nombreuses villes : Alençon, Sedan… Il protège ces nouvelles industries de la concurrence étrangère par des droits de douane prohibitifs. La Révolution a provoqué beaucoup de fermetures de manufactures royales dont celle d’Agen. Pour autant, la dentelle est toujours présente au XIXe siècle, période à laquelle Napoléon Ier la réserve au vêtement féminin.
Au cours des siècles, de nombreuses régions produisent de la dentelle (Normandie, Franche-Comté…). Mais, à l’orée de la révolution industrielle, la Haute-Loire et le Nord-Pas-de-Calais, dont le savoir-faire est le fruit d'une tradition manuelle séculaire, réussissent à s'adapter à l'évolution mécanique.
C'est en 1809, dans les environs de Nottingham (Grande-Bretagne), que John Heathcoat, jeune mécanicien, invente le premier métier à tulle, composé d'un système à bobines et chariot. Le brevet est rapidement déposé. Les douanes françaises de l'époque ne permettent pas le commerce avec l'Angleterre : cela n'empêche pas l'exportation illégale des métiers. Ce qui explique leur concentration dans le Nord-Pas-de-Calais. Saint-Pierre-lès-Calais a été la première ville à posséder un métier mécanique, suivie par Caudry en 1820.
En France, Eugène Malhère, ingénieur à Condé-sur-Noireau dans le Calvados, invente le métier circulaire à dentelle équipé d’un appareil à disques en 1886. Il présente le premier métier à tisser à fil à l’Exposition Universelle de Paris en 1889.
De nos jours, la Haute-Loire et le Nord-Pas-de-Calais restent les deux grandes régions de la dentelle en France. La Haute-Loire compte une dizaine d'entreprises d'une centaine de salariés, possédant cent à cent-cinquante métiers qui datent en majorité des années 1920 et 1930 et peuvent être composés de trente-deux à quatre-vingt seize fuseaux.
La dentelle est avant tout une matière première destinée à entrer dans la composition d'un produit fini. L'industrie du vêtement en est donc le premier acheteur ; au premier chef, les maisons de haute couture mettent en œuvre ces produits raffinés.

Peu à peu, des centres dentelliers furent créés en Europe. Venise et plus tard Alençon se spécialisèrent dans la dentelle à l’aiguille, tandis que la dentelle aux fuseaux était fabriquée en Belgique (Bruxelles, Anvers, Bruges), en Italie (Milan), en Allemagne de l’Est (Annaberg, Schneeberg), dans les comtés du centre de l’Angleterre, ainsi que dans la petite ville de Tonder au Danemark.

En France, les dentellières sont très localisées. Citons tout d'abord Le Puy-en-Velay, tête de proue de la dentelle d'hier et d'aujourd'hui. Citons aussi la Normandie, Alençon bien sûr, mais aussi Caen. N'oublions pas non plus le Nord et le Pas-de-Calais avec Calais, Valenciennes, Bailleul, Arras...
















dentelle de Calais





Pendant des siècles, anonymement, la dentellière a produit ce tissu ajouré composé de fils enlacés. Assise sur le pas de sa porte ou éclairée par une bougie au coin du feu, inlassablement, ses doigts font valser les fuseaux. Les fleurs, les rosaces, les festons naissent comme par magie de cette danse effrénée.

Le travail de la dentelle exige une certaine formation qui avait lieu jadis en famille, en apprentissage ou, au XIXème siècle, dans des écoles spécialisées. Dans les régions à tradition dentellière, l’enfant s’initiait à cet artisanat vers sept ans, parfois déjà dès sa cinquième année ; les carreaux ou coussins aux dimensions réduites étaient aussi courants que les modèles miniatures de fers à repasser. L’éducation des fillettes avait souvent pour but principal -voire exclusif- l’apprentissage des techniques de la dentelle aux fuseaux ou à l’aiguille.

Au XIXème siècle, l’enseignement tenta de s’organiser pour permettre aux ouvriers des manufactures de rivaliser avec les machines. Des écoles d’Etat se mirent à assurer la formation des professeurs. De nombreux dessinateurs de modèles firent leur entrée dans l’industrie à cette époque. La scolarisation obligatoire jusqu’à douze ans fut l’un des facteurs du déclin de la production dentellière enfantine, au même titre que l’arrivée de la mécanisation de la dentelle et le désintérêt général pour une profession difficile et mal rétribuée. L’Etat français se préoccupa au tout début du XXème siècle de stimuler l’enseignement dentellier, en particulier en Normandie et en Auvergne, mais il ne put empêcher le coup de grâce porté à la dentelle par la première guerre mondiale.
Un certain nombre d’écoles ont survécu à toutes ces vicissitudes, notamment à Alençon, Valenciennes, Bailleul et au Puy-en-Velay. C’est dans cette dernière ville, et à l’initiative de Mme Mick Fouriscot, que le président Giscard d’Estaing a permis en 1974 la création d’un Atelier Conservatoire national de la dentelle du Puy, dont Madame Mick Fouriscot fut la directrice. Cet atelier est rattaché aux Manufactures Nationale des Gobelins, de Savonnerie et de Beauvais. Le but recherché dans cette création est de permettre à cette technique de perdurer au-delà de la mode et des vicissitudes. Les personnels sont devenus fonctionnaires de l’Etat. En Belgique et en Angleterre, des structures privées ont été mises en place pour sauvegarder l’enseignement de la dentelle. L’intérêt du public pour cet artisanat se fait plus marqué depuis les années 1980, comme l’indique, dans les régions dentellières, le succès de nombreux cours du soir et des stages, souvent prévus pendant les périodes de vacances.

http://www.cite-dentelle.fr/fr/accueil/la-cite/historique/l'usine-boulart/566ef5651a6c7e58078b45c8/l%E2%80%99usine-boulart

Le travail au fuseau:


On peut dire, en quelque sorte, que cette technique existait déjà auparavant sous une forme différente, celle de la passementerie. Cette dernière était pratiquée plus particulièrement par les hommes et avec des fils d'or, d'argent ou de cuivre le plus souvent. L'utilisation par les femmes de fils de lin blanc fut donc une grande nouveauté.

Le dessin de la dentelle à exécuter est réalisé sur un carton fixé sur le métier par des épingles enfoncées verticalement. Le motif est constitué d'une multitude de points représentant chacun le futur emplacement d'une épingle. Chaque point est minutieusement percé avant le commencement de la dentelle. Toutes les dentelles aux fuseaux sont faites à partir d'une même technique qui consiste à entrelacer des fils, ce qui donne un aspect tissé caractéristique. Un point, constitué d'un ou plusieurs croisements, est fixé grâce à une épingle, celle-ci étant retirée lorsque l'ouvrage est avancé de quelques centimètres. Bien sûr, il existe toutes sortes de croisements qui peuvent être reliés entre-eux de multiples façons.


Le raffinement de ses motifs et sa complexité croissance ont fait de la dentelle aux fuseaux un art tout différent de celui des passements. Il existait d'autres types de dentelles qui s'apparentent à la dentelle aux fuseaux telles que le burato ou le reticella. 
Buratto sfilato - Filé e crivo
Burato


Dentelle Reticella -  XIXème Siècle Exposition de dentelles - Salon l'Aiguille en fête 2011 - La Villette

Reticella

Le travail à l'Aiguille:
Originaire de Venise, la dentelle d’Alençon nécessite une division et une spécialisation du travail. Il faut dix étapes pour exécuter le Point d’Alençon et autant d’ouvrières que d’opérations. Cette dentelle est réalisée sur un support en vélin ou parchemin avec une aiguille et du fil de lin.

Les étapes de fabrication s'organisent ainsi :

- le dessin, le piquage et la trace sont les trois étapes préparatoires avant l'exécution du fond : le réseau.
- le décor est ensuite réalisé selon différents points de remplis puis de modes variés.
- la brode donne le relief à ce décor.
- l'enlevage, l'éboutage, le régalage permettent de détacher la dentelle du support provisoire en parchemin.

Pour la réalisation d'un médaillon, le travail est achevé mais, pour une pièce de grande dimension, il faut assembler les différents éléments réalisés de fabrication grâce à un point de raccroc invisible.

La "frivolité" est une variété de dentelle. Le travail consiste à faire une série de nœuds doubles avec une ou plusieurs navettes. Sont utilisés du fil de soie ou plus fréquemment du fil de coton mercerisé.
https://youtu.be/zBasBnhdWOY
http://www.bluemarguerite.com/Loisirs-creatifs/techniques-841-frivolite-a-l-aiguille.deco


Superbe étole de mariée en Point de Gaze " Point de Rose " dentelle de Bruxelles à l'aiguille, vers 1880-1900. Rare étole à beau décor fleuri finement réalisé à l'aiguille, chacun des pans orné de larges… - Coutau-Bégarie - 21/04/2017
Dentelle de Bruxelle à l'aiguille pour un châle de mariée vers 1880
au point de Gaze et point de Rose

TULLES


http://lepoinctdetulle.com/poinct.html
Le tulle est un tissu transparent, ajouré et vaporeux dont l'ancêtre est le point de filet que les égyptiens fabriquaient à la main à partir de franges. Cette étoffe doit son nom à Tulle, le chef-lieu de la Corrèze, où elle était fabriquée au 19e siècle.
Le métier à tulle a été inventé en Angleterre à la fin du 18e siècle pour imiter la dentelle. Le tulle était alors tissé en fil de lin et agrémenté de broderies et de jours à l’aiguille.
"Le tulle fabriqué alors était cependant peu résistant et obligeait les fabricants à coller les fils avec de l’apprêt, réduisant ainsi la souplesse de la maille. [...]

C’est l’invention, par Heathcoat, du tulle bobin à Nottingham en 1808 qui révolutionne l’industrie du tulle. La fabrication de cette maille se fait désormais à la verticale et est composé d’un fils de chaine vertical (cf. Schéma ci-contre : fils jaunes) et de deux trames obliques qui se croisent (cf. Schéma ci-contre : fils rouges et bleus). Les tulles unis fabriqués par la suite ne seront plus qu’une déclinaison de ce tulle bobin tissé sur des métiers verticaux." 
 Les premiers tulles furent d’ailleurs tissés avec du fil de lin, à l’instar de la dentelle blanche, et additionnés de broderies et de jours à l’aiguille, toujours pour imiter la dentelle.

Tulle de Valenciennes
Tulle de Valencienne
Ces métier mécaniques arrivent en France dès la fin du XVIIIe siècle afin de concurrencer le tulle anglais. Toutefois, la qualité du tulle anglais était bien supérieure et, pour ne pas décourager les producteurs nationaux, Napoléon en fit interdire l’importation en 1802.
Ce qui toutefois n’empêche pas les Anglais de continuer à perfectionner leur machines.
 Enfin John Leavers paracheva le système en 1813, en inventant un procédé qui permet de produire un modèle fantaisie en même temps que le fond de tulle est fabriqué. Ce tissu continua ensuite de faire les beaux jours de la mode…
Robe du soir des Soeurs Callot recouverte de tulle métallique brodée. 1909

Robe du soir des Soeurs Callot recouverte de tulle métallique brodée. 1909




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